Le grand, impassible et impérial Ron Carter trône au milieu de deux latinos, le batteur Julio Barreto, au jeu souple et fin, et le pianiste racé Gonzalo Rubalcaba. Beau trio, ma foi, qui fait penser, il est vrai, comme le dit la notice, à l'autre grand trio composé de Keith Jarrett, Gary Peacock, et Jack DeJohnette. C'est dire que la comparaison est flatteuse. Mais ce trio-ci a bien sûr ses particularités, notamment la personnalité de Rubalcaba, bien différente de celle de Jarrett. Plus décontractée et moins intellectuelle, ce qui n'est pas forcément toujours une qualité. Si on peut évoquer Art Tatum et Oscar Peterson par la virtuosité et la vivacité des tempos ou même Bud Powell dans le morceau Bouncing With Bud, on pense aussi parfois à McCoy Tyner dans le côté un peu sauvage de certaines attaques (Ah-Leu-Cha). Nourri de multiples influences, Rubalcaba a un jeu très diversifié et bigarré passant aisément de la souplesse à l'élégance (I remember Clifford), ou encore par la sensibilité (Smooch), la décontraction et la sophistication (When will the Blues leave). Belle palette sans avoir l'air d'y toucher précisément, ce qui le rend d'autant plus précieux et intéressant. Inutile de dire que Ron Carter y est extraordinaire. Quel talent associé à une telle sobriété ! Un DVD avec un petit goût poivré.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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