EuroArts semble décider à éditer en DVD les représentations du Rokokotheater de Schwetzingen sous la baguette de Gianluigi Gelmetti et dans des mises en scènes de Michael Hampe. C'était le cas de deux opéras mineurs de Rossini, La scala di seta et Il Signo Bruschino ( voir Opus Haute définition N°9). A l'égal donc, cet enregistrement (le 10 mai 1991) de l'opéra de Mozart, L'enlèvement au sérail, est de bonne facture, honnête pour tout dire, surtout si on le compare à la version de Bohm chez DG, de loin supérieure. Si on connaît l'intrigue, l'enlèvement de Constance et Blonde par le pacha turc Selim, j'ai toujours trouvé celle-ci un peu naïve tant la narration reste sans ambiguïté concernant le désir amoureux même si la musique se fait plus fine que dans les opéras précédents de Mozart. C'est fou tout de même ce que les amants sont fidèles ! Bien sûr, Mozart se fera heureusement plus mature avec Cosi fan Tutte vis-à-vis de la constance du désir (voir justement les deux DVD sur cet opéra). L'intérêt réel de cet opéra est l'humanité qui l'imprègne, c'est-à-dire l'abandon de la vengeance, du ressentiment, thèmes que nous retrouverons dans La Clémence de Titus, et La Flûte enchantée. Surtout que le pacha Selim a entre ses mains le fils de son ennemi exécré et qu'il parvient à dire : « C'est un plaisir bien plus grand de répondre par un bienfait à une injustice dont on a souffert que de rendre le vice pour le vice. » Suivre le père de Belmonte dans sa barbarie aurait été être un double de lui. Ici, Les interprètes, sans être exceptionnels restent crédibles et justes, bien que vocalement limités. Matthias Habish en Selim, Ruth Ann Swenson en Constance, Malin Harteluis en Blonde, Hans Peter Blochwitz en Belmonte, Manfred Fink en Pedrillo sont tous plus ou moins à leur place dans cette production « sympathique ». Le plus vacillant de la distribution me semble être Kurt Rydl en Osmin qui a bien du mal à articuler et à nous passionner pour son rôle alors qu'il a pourtant une palette de jeu assez considérable. Les décors sont eux aussi « sympathiques » ainsi que la mise en scène de Michael Hampe. En revanche, Gianluigi Gelmetti à la tête du Radio-Sinfonieorchester de Stuttgart manque singulièrement de finesse dans sa direction. Il faut dire que la prise de son n'aide pas beaucoup non plus. Mozart a du mal à supporter une certaine sécheresse.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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