J'ai toujours trouvé une certaine classe dans les interprétations de Mozart par Sir Neville Marriner. Voilà un concert ma foi fort agréable donné à Lugano le 11 novembre 2005. Certes, il a vieilli M. Marriner mais le tissu orchestral qu'il tire de ses musiciens reste toujours fin et léger, toujours soyeux et profond. Aussi bien pour l'ouverture de La Flûte enchantée que du Concerto pour flûte et harpe, et enfin de la remarquable symphonie n°39 : la pâte sonore est toujours captivante. Et ce n'est pas aussi évident que cela puisse paraître, surtout avec Mozart. Le chef d'orchestre Bruno Walter ne disait-il pas à propos des interprétations de Mozart : « Il faut que cela soit gai, tellement gai que vous en ayez les larmes aux yeux. » C'est exactement cela et c'est sans doute ce qu'il y a de si difficile dans la musique de Mozart qui allie avec génie le vertige de la profondeur jouxté à une étourdissante légèreté. Certes, Marriner n'y parvient pas totalement (cela tiendrait alors du miracle !) mais il s'y rapproche, ce qui est déjà fort louable. Peut-être aurait-on aimé plus de ferveur dans l'interprétation, voire un soupçon de « fièvre »... (pas dans la texture sonore même, évidemment). Ajoutons que Patrick Gallois à la flûte et Fabrice Pierre à la harpe sont des interprètes idéaux..Le concert est par ailleurs bien filmé même s'il paraît court soixante-dix minutes très exactement.

Yannick Rolandeau

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