C’est la version originale de 1869, du chef d’oeuvre de Modest Moussorgsky, qui est proposée ici. Car en cette année, comme l’écrivait si justement Henry Barraud dans son remarquable ouvrage « Les cinq grands opéras » paru au Seuil en 1972, « Boris Godounov est refusé par le comité des théâtres impériaux. L’ouvrage se présente alors comme un phénomène tout à fait nouveau dans son style et dans sa formule, dont sa grande nouveauté sera de promouvoir la collectivité du peuple russe au rang d’un personnage de l’opéra au même titre que ses deux autres protagonistes : Boris, le Tsar en exercice, et l’imposteur, le faux Dimitri, qui aura finalement raison de lui ». L’opéra sera finalement joué en 1874. A la tête de l’Orchestre Symphonique de Göteborg, et au fil de son inspiration interprétative, Kent Nagano offre une vision profonde de la dramaturgie où le rendu de la puissance de l’œuvre n’est pas le moindre atout. Entouré, notamment, du remarquable Alexander Tsymbalyuk dans le rôle de Boris, de Maxim Paster dans celui de Shuisky, ainsi que de Mika Kares dans Pimène et de Sergei Skorokhodov dans Grigory, le chef américain déploie des coloris nuancés au sein d’un équilibre des pupitres maitrisé. Voici donc la référence, sur support SACD, d’un des plus grands chefs-d’œuvre lyriques de tous les temps.
Jean-Jacques Millo It is the 1869 original version of Modest Mussorgsky’s masterpiece that is proposed here. For, that year, as so justly writes Henry Barraud in his remarkable book, “The Five Great Operas” published by Seuil in 1972, “Boris Godunov was refused by the imperial committee of theaters. The work presented itself then as a phenomenon that was completely new in its style and in its form, including to promote the Russian people to the same level as opera character as the two other protagonists: Boris, Czar in power, and the imposter, the fake Dimitri, who in the end will conquer him.” The opera in the end was premiered in 1874. At the head of the Göteborg Symphonic Orchestra, and throughout his interpretive inspiration, Kent Nagano offers a deep vision of the drama in which the power of the work shines. Surrounded, most notably, by the remarkable Alexander Tsymbalyuk in the role of Boris, Maxim Paster in that of Shuisky, as well as Mika Kares as Pimène and Sergei Skorokhodov as Grigory, the American conductor deploys nuanced colors as part of masterful balance of the instruments. Here then is the reference, on SACD, of one of the greatest masterpieces of all time. Translation Lawrence Schulman |