Les disques des baroqueux consacrés aux Concertos Brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach se ressemblent... Dans cet enregistrement filmé du 23 au 26 mars 2000 dans The Hall des Mirrors dans le palais de Cöthen, on a bien du mal à distinguer ce qui pourrait être réellement différent en définitive de tant d'autres enregistrements. Tempi rapides, sécheresse de l'exécution, tonalité aigre et j'en passe, on a l'impression d'entendre une version sans âme de ces oeuvres sublimes et archi connues. Pourtant, il y a de quoi faire tant la beauté déborde à chaque mouvement. Ici, on a parfois le sentiment d'une course à la rapidité sous prétexte de recherche d'authenticité comme si on pouvait d'ailleurs l’atteindre. Naturalisme exécrable qui ne vise pas la beauté de la musique mais une pureté asséchante et dangereuse. En définitive, il n'y a plus grand chose à se mettre dans les oreilles, si j'ose dire, sinon des boules Quiès ! Il suffit d'écouter l'adagio puis l'allegro du troisième concerto pour s'en rendre compte et aussi pour se poser tout de même la question du pourquoi d'une telle interprétation aussi sèche. Je m'attendais, étant donné que ces morceaux sont connus, à une certaine poésie. Eh bien non. Pourtant, le lieu est charmant et la captation est plutôt soignée. Mais rapidement, et au fur et à mesure que se déroulent les concertos, l'oeuvre ne vit pas. Tout semble s'enchaîner mécaniquement sans qu'une étincelle ou une émotion surgisse ou nous surprenne. Sans être, pour autant, Reinhardt Goebel, on était en droit de demander une interprétation avec plus de vie et plus de subtilité.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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