Opus Haute Définition e-magazine

Cursive II

Cloud Gate Dance

Opus Arte OA 0952 D, Codaex Distribution

DVD stéréo / DTS

Lin Hwai-min, le chorégraphe, a voulu transposer l'écriture de la calligraphie en danse. Il dit : “Nous nous efforçons d'absorber l'énergie de ces chefs d'oeuvre et de les recréer, de donner naissance à un mouvement qui mette l'accent sur la respiration. » Evidemment, cela n'a pas grand chose à voir avec les chorégraphies de Balanchine. Nous sommes ici dans un tout autre registre. L'approche est souvent cérébrale comme nous le révèle l'introduction où Lin Hwai-min est interviewé. Par exemple, les décors sont des agrandissements de photos montrant des détails de céramiques datant de la dynastie Song. Bon, c'est un peu tiré par les cheveux que ces craquelures formant une toile de lignes brisées et structurées. Par contre, comme le dit la notice : « Lin Hwai-min aspirait à créer des chorégraphies qui tirent leur légitimité de la tradition. Il a fusionné les influences orientales et occidentales, incorporant la gestuelle du théâtre chinois (opéra de Pékin) à son propre style. » Certes, les danses sont souvent agitées, plus sinueuses que les danses occidentales, faites de décalages mais aussi composées de gestes arrêtés, contenues ou comme au ralenti parfois. C'est donc assez abstrait et ce n'est pas par hasard si Lin Hwai-min a choisi la musique de l'américain John Cage car dit-il en substance, elle évoque très bien l'esprit bouddhiste. Lin Hwai-min (qui est paraît-il bouddhiste) pense que John Cage est à moitié asiatique pour cette raison. Sauf que sa musique est fortement ennuyeuse, dans le genre très avant-garde occidentale, c'est-à-dire où la musique est transformée en laboratoire d'expérimentations. Cela a été, pour moi, le principal problème, car sans arrêt intéressé par les danses mais profondément irrité par la musique. Cela dit, voilà un DVD pour faire plus ample connaissance avec Lin Hwai-min qui affirme, à un moment dans l'introduction, que l'avènement de l'informatique est en train de détruire, chez les jeunes chinois, l'art de la calligraphie. Un documentaire de près d'une heure conclut ce DVD avec de nombreux entretiens avec le chorégraphe, histoire d'approfondir son parcours, sa pensée et sa sensibilité.

Yannick Rolandeau

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