L’ultime symphonie de Gustav Mahler a fait couler beaucoup d’encre et stimule encore aujourd’hui l’imagination de compositeurs quant à son orchestration. Henry-Louis de La Grange précise, dans l’immense somme biographique qu’il a consacré au compositeur, que l’auteur de la première édition complète de l’œuvre, Deryck Cooke « insista toujours sur a fait que l’œuvre ne pourrait jamais être considérée comme « achevée » par quiconque puisque Mahler aurait certainement modifié son texte en le copiant et en préparant sa partition d’orchestre ». Avec l’enregistrement qui vient de paraître pour le label BIS, une nouvelle orchestration complétée, signée de la plume de la compositrice et chef-d’orchestre Michelle Castelletti, voit le jour. Cette version pour orchestre de chambre est une véritable révélation dont l’originalité déconcertera les uns et ravira les autres. Car nous sommes ici devant un travail respectueux et fervent à la fois, plongeant l’auditeur dans une expérience sonore nouvelle et vibrante. Dans un « dépouillement musical » qui n’est qu’apparent, Michelle Castelletti offre ainsi une profondeur encore plus déchirante du dernier message mahlérien. A découvrir sans tarder.

Jean-Jacques Millo