Le pianiste russe Yevgeny Sudbin propose ici sa vision des deux dernières sonates pour piano Op.110, et Op.111 de Beethoven, ainsi que les Bagatelles Op.126. La Sonate N°31 en la bémol majeur « s’avère significative de la dernière « période » du compositeur : extrême liberté de forme, amples développements, usage du procédé cyclique » selon François-René Tranchefort. Alors que la Sonate N°32 en ut mineur en deux mouvements fit quelque peu délirer le célèbre chef d’orchestre Hans von Bülow : « A la souffrance et à la douleur qui assaillent les êtres engagés dans la roue des métamorphoses…, succèdent dans la seconde partie de la Sonate le sentiment du Nirvâna qui est la dilution dans le non-être ». Les Bagatelles Op.126, au nombre de six, forment un recueil que le maître de Bonn voyait comme « le meilleur qu’il ait écrit dans ce genre ». Yevgeny Sudbin déploie sa technique infaillible dans des tempi soutenus, parfois précipités, qui dénaturent la réflexion philosophique que ces dernières Sonates portent en elles. Cependant, à n’en pas douter, cette première approche appelle un approfondissement que l’on attendra avec intérêt.

Jean-Jacques Millo