Fernando Sor (1778-1839) fut un compositeur espagnol qui, durant la guerre d’Espagne, dut s’exiler à Paris en 1813 où « Méhul et Cherubini admirent son talent, puis à Londres, où il remporte beaucoup de succès, nous dit Wendy Thompson de l’Université d’Oxford. Il passe ensuite trois ans en Russie, où il compose son chef-d’œuvre, le ballet « Hercules y Onfalia » (1826), à l’occasion du couronnement du tsar Nicolas 1er. Sor est surtout connu, de nos jours, pour ses pièces pour guitare, qui constituent la base du répertoire de cet instrument, et pour un important traité « Gran Método de Guitarra » (1830) ». Le guitariste Philippe Mouratoglou, « actif depuis plus de quinze ans sur les scènes du classique puis des musiques improvisées » propose aujourd’hui, avec cette parution dont il faut souligner l’attrait éditorial et la richesse iconographique sortant des sentiers battus, onze pièces pour guitare inattendues. Il s’en explique lui-même dans une démarche interprétative pour le moins originale : « Le choix du répertoire de ce disque ne résulte pas d’une volonté de « dénicher » des pièces peu jouées ou autres « chefs-d’œuvre inconnus » de Sor, mais plutôt de proposer une sélection de mes pièces favorites et d’en pousser l’interprétation le plus loin possible. Mes références en la matière ne sont par ailleurs pas les guitaristes classiques « historiques » mais bien d’avantage des pianistes comme Sviatoslav Richter, Martha Argerich, Arturo-Benedetti Michelangeli, Claudio Arrau ». Rigueur et finesse sont au cœur du jeu de Philippe Mouratoglou qui, avec une intériorité d’une rare profondeur, parvient à révéler la lumière poétique de ces œuvres de jeunesse d’apparence anodine. Une parution essentielle.
Jean-Jacques Millo |