La parution d’une nouvelle version du Concerto pour Piano de Ferruccio Busoni est toujours, pour le mélomane, source d’intérêt, voire d’excitation, tant ce « monument » concertant est unique. En effet, Le Concerto pour piano, chœur d’hommes et orchestre Op.39, en cinq mouvements, datant de 1904, utilise la voix dans sa dernière partie. Et comme le précise justement Marc Vignal, « L’œuvre, dont les cinq mouvements doivent se jouer sans interruption, est plus une symphonie avec piano obligé qu’un concerto traditionnel, malgré la difficulté de la partie de soliste ; le pianiste ne doit pas hésiter, par endroits, à se placer délibérément à l’arrière-plan ». C’est un peu ce qui pêche ici où le piano est très en avant. Cependant, la prestation de Kirill Gerstein impressionne à plus d’un titre, avec une maitrise de la virtuosité remarquable n’altérant jamais le flot musical. La puissance de son jeu se pare aussi d’une palette de couleurs des plus imagées. Soutenu avec fougue par Sakari Oramo, le pianiste américain d’origine russe offre ici un véritable tour de force au service d’une partition exigeante et décidément à Part. Soulignons également la richesse iconographique du livret et la prise de son live en 96Khz/24 bits.
Jean-Jacques Millo |