Né en Bavière en 1873, Max Reger fut une personnalité pour le moins complexe, en proie à la dépression. Son œuvre est colossale et se partage notamment entre partitions pour orchestre, musique de chambre et œuvres pour orgue. Mort prématurément à l'âge de quarante trois ans, il n'aborda jamais la symphonie ni l'opéra. A sa mort, le compositeur Paul Hindemith dira de lui: "Max Reger aura été le dernier géant de la musique ; je suis sans lui absolument impensable". Tirée de l'imposant corpus de son œuvre pour orgue, "Introduction, Variations et Fugue sur un thème original en fa dièse mineur Op. 73, date de 1903. C'est une œuvre gigantesque en perpétuelle rupture avec la tonalité, se déployant sur une large dynamique souvent bridée par de larges passages d'introspection. Reger confia d'ailleurs á son organiste: "L'oeuvre elle-même est née d'un sentiment presque de tristesse; le thème dans sa résignation dit à peu près tout; la troisième mesure, mélancolique, du thème joue un rôle capital...". William Tanke, sur l'orgue de Marcussen à Rotterdam, retrouve le mystère de cette page. Avec puissance et finesse à la fois, son interprétation nous rappelle que Reger fut une personnalité musicale de premier plan, quelque peu négligée aujourd'hui. En complément de programme, Willem Tanke, spécialiste notamment de Messiaen, offre une de ses récentes compositions datant de 2002. Un Super Audio CD passionnant.
Jean-Jacques Millo |