Opéra en quatre actes, sur un livret de Boito d’après Shakespeare, Otello de Giuseppe Verdi fut créé à Milan le 5 février 1887. « Boito a considérablement changé la trame originale, supprimant l’acte vénitien et les scènes de foule, nous disent Harold Rosenthal et John Warrack, simplifiant une action complexe et substituant un langage poétique ampoulé au ton shakespearien. La musique de Verdi s’écarte assez sensiblement de celle de ses opéras antérieurs par la richesse de l’orchestration, les audaces harmoniques, l’enchainement des scènes, et l’abaissement important des tessitures vocales, créant pratiquement avec Otello un type nouveau de ténor ». Aujourd’hui, réunir un plateau de chanteurs homogène parait une tâche difficile. Nikolaï Schukoff dans le rôle titre n’est d’évidence pas le personnage attendu. Melody Moore en Desdémone est plus en situation et son engagement vocal réserve de belles surprises. Quant au Iago de Lester Lynch il peine à trouver ses marques. En définitive, celui qui s’en sort le mieux c’est bien Lawrence Foster avec une direction inspirée, au souffle large et puissant, secondé par un chœur tout aussi enthousiasmant. Bref, l’Otello du nouveau siècle n’est pas encore né.
Jean-Jacques Millo |