Opus Haute Définition e-magazine

H. Berlioz

Requiem

Toby Spence (ténor). SWR Vocalensemble Stuttgart. MDR Rundfunkchor Leipzig. Orchestre Symphonique de la Radio de Stuttgart. Roger Norrington (direction)

Hänssler Classic 93.131, Intégral Distribution

2 Super Audio CD hybrides stéréo/multicanal

La grande Messe des morts fut pour Hector Berlioz la source d’une indéfectible fascination. Il prit le teste à bras le corps, n’hésitant pas « à le remanier, altérant l’ordre de certaines phrases et sections ou les omettant entièrement, chaque fois que les buts expressifs et la structure dramatique de la musique l’exigeaient ». Le compositeur français édifia un monument d’une nouveauté audacieuse, porté par un sentiment patriotique lié à Napoléon qui venait de donner au mot « gloire » ses lettres de noblesse. Car le Requiem n’en est pas dénué de cette gloire si chère au cœur de la France d’alors, bien au contraire. Et l’effectif orchestral qu’il réclame témoigne de cette grandeur que Berlioz entendait imposer : plusieurs centaines de voix, cent cordes, vingt bois et douze cors pour ne citer que l’essentiel, avec parfois, « quatre petits ensembles de cuivres et huit paires de timbales ». Sa musique se déploie sur des passages d’un dramatisme puissant, avec d’autres d’une douceur proche du caractère intimiste d’une œuvre de chambre. Le triomphe fut immédiat et le compositeur déclara : « C’est un succès qui me popularise, l’impression a été foudroyante sur les êtres de sentiments et d’habitudes les plus opposés ; le curé des Invalides a pleuré à l’autel après la cérémonie, il m’embrassait à la sacristie en fondant en larmes…C’était d’une horrible grandeur ». A la tête de l’orchestre symphonique de la Radio de Stuttgart, Roger Norrington surprend par une interprétation d’une relative lenteur, suivant en cela la pensée directrice de Berlioz comme rarement elle fut suivie au disque. Le chœur navigue entre puissance et recueillement avec un souffle idéal tandis que le ténor Toby Spence délivre son message dans une bouleversante fragilité. Malheureusement la prise de son médiocre retire à ce témoignage une grande part de l’émotion qui devait se dégager du concert. La dynamique importante et mal équilibrée n’arrange rien à l’affaire. Néanmoins, ce Super Audio CD reste préférable à celui paru récemment chez Telarc.

Jean-Jacques Millo

Disponible surIntegralmusic.fr
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