Le pianiste français Guillaume Vincent, né en 1991, fut un enfant précoce puisqu’il donna ses premiers récitals à l’âge de 10 ans. Aujourd’hui, alors qu’il est acclamé sur nombre de scènes internationales, c’est au sein de la Fondation Blüthner qu’il vient de subjuguer l’auditoire de l’Institut Goethe, à Paris (le 27 février 2018), avec des extraits des Années de Pèlerinage de Franz Liszt absolument phénoménaux. En effet, pour la cinquième année consécutive, la Saison Blüthner propose, dans le cadre de la série « Piano mon Amour » défendue notamment par l’opiniâtre Simone Strähle, de découvrir de nouveaux talents pianistiques. Guillaume Vincent fut donc, l’instant d’un récital, la véritable réincarnation du compositeur hongrois. Le corps aux mouvements envoûtants, semblant rentrer littéralement dans l’instrument, le visage respirant le clavier comme un parfum unique, la virtuosité d’une maîtrise absolue offrant une puissance de jeu peu commune, le naturel de ce dernier habité au-delà de la simple inspiration, bref, ce soir-là, nous étions en présence de Franz Liszt. L’enregistrement qui nous occupe ici datant de 2012 regroupe les Préludes Op.3 N°2, Op.23 et Op.32 de Serge Rachmaninov. Disons-le d’emblée, le compositeur russe ne livre pas tous ses secrets aux doigts de Guillaume Vincent. Mais gageons que, la maturité venant, il remettra sur le métier ces Œuvres majeures. Néanmoins, notre plus grand souhait est qu’il enregistre au plus tôt l’intégralité des Années de Pèlerinage, la Sonate en si mineur ou encore Harmonies poétiques et religieuses. L’avenir nous le dira…

Jean-Jacques Millo