« Voici, mon cher Zmeskall, ma dédicace amicale, je souhaite qu’elle soit pour vous un cher souvenir de notre longue amitié ; puissiez-vous l’accepter comme une preuve de mon estime, et non comme la fin d’un fil déjà tissé depuis longtemps, car vous êtes au nombre de mes premiers amis à Vienne ». Ainsi s’exprimait Beethoven en 1810 pour accompagner son Quatuor à Cordes N°11 en fa mineur Op.95. Œuvre quelque peu tourmentée par ce que vivait alors le maître de Bonn et notamment son mariage avorté avec Thérèse Malfatti. Le Quatuor à cordes N°15 en sol majeur D.887, ultime du nom, fut composé en une dizaine de jours seulement durant l’été 1826. Schubert ne l’entendit que partiellement de son vivant. Il est cependant à noter, comme le précise justement François-René Tranchefort, que « le musicien accorde ici une importance particulière au violoncelle, - les deux violons et l’alto se limitant à un rôle d’accompagnement, en dépit de la mobilité des « voix » ». Le Quatuor Oslo défend ces pages admirables avec précision et ferveur sans tomber dans un pathos déplacé. La musicalité que dégage leur prestation met en lumière le partage essentiel d’une vision profonde et sans concession. Une belle version à découvrir.

Jean-Jacques Millo