Trois sonates pour Flûte et piano sont au programme de ce réjouissant SACD dont il faut saluer d’emblée la prise de son exemplaire de Ingo Petry, ingénieur sensible et respectant le naturel des timbres instrumentaux en présence. Ce parcours musical généreux, offre en, préambule, la Sonate pour Violon et piano datant de 1886 de César Franck dans l’édition pour flûte de Jean-Pierre Rampal, dont il semblerait que Marcel Proust l’ait évoqué dans « Du côté de chez Swann » en ces termes : « Cette fois, Swann avait distingué nettement une phrase s’élevant pendant quelques instants au-dessus des ondes sonores. Elle lui avait proposé aussitôt des voluptés particulières dont il n’avait jamais eu l’idée avant de l’entendre, dont il sentait que rien d’autre qu’elle ne pourrait les lui faire connaître, et il avait éprouvé pour elle comme un amour inconnu… ». C’est ensuite la Sonate pour violon et piano n°1 Op.13 de Gabriel Fauré dans la transcription pour flûte de Sharon Bezaly elle-même, et pour finir, la Sonate pour flûte et piano de Serge Prokofiev Op.94. L’osmose entre Sharon Bezaly et Vladimir Ashkenazy est ici parfaite pour délivrer un message musical inspiré de bout en bout que l’on ne saurait ignorer. Un SACD véritablement passionnant.
Jean-Jacques Millo |