« Celui qui a compris ma musique une fois, celui-là doit se faire libre de toutes les misères où les autres se traînent ». Ainsi s’exprimait Beethoven, et la question de l’héritage de ce grand artiste se pose encore de nos jours, car comme le soulignaient si justement les musicologues Brigitte et Jean Massin : « Finalement l’histoire du beethovénisme se confond avec celle des êtres humains qui, contre vents et marées, contre les mauvais destins de la société, de la solitude du cœur ou de l’infirmité, continuent à persister dans la certitude volontaire et même enthousiaste, qu’ils peuvent et qu’ils doivent se faire les créateurs de leur propre liberté et de leur propre histoire ». Le chef d’orchestre français, Philippe Jordan débute une nouvelle intégrale des symphonies du maître de Bonn avec son orchestre le Wiener Symphoniker. Ce premier volet propose la Symphonie N°1 en ut majeur Op.21 datant de 1799, encore de facture classique, et la Symphonie N°3 « Héroïque » en mi bémol majeur Op.55 qui fut composée dans les années 1803 et 1804. Si dans la première symphonie, Philippe Jordan ne convainc pas pleinement, en revanche la troisième symphonie possède, sous sa baguette, une originalité de ton qui interroge autant qu’elle fascine. Dans cette optique, les prémisses d’un renouveau du discours beethovénien, laisse présager de belles découvertes que l’on scrutera avec intérêt. Mais pour l’heure, ce premier CD sous la bannière du Wiener Symphoniker est une heureuse surprise à partager.
Jean-Jacques Millo |