Après un enregistrement remarquable consacré à Beethoven, le Trio Zimmermann nous revient aujourd’hui, avec un SACD tout aussi exceptionnel. Ce dernier propose deux grandes figures de la musique allemande du siècle passé. Paul Hindemith (1895-1963) avec le Trio à cordes N°1 Op.34 de 1924 pour violon, alto et violoncelle et le Trio à cordes N°2 également pour violon, alto et violoncelle de 1933, « datant d’une époque où Hindemith n’écrivait guère de musique de chambre, mais représentant un jalon décisif vers le style classique de sa maturité, plus tonal, plus mélodique, plus consonnant et moins âpre » nous dit Harry Halbreich. Le Trio pour cordes Op.45 d’Arnold Schoenberg (1874-1951) en un seul mouvement est « une partition majeure, sinon essentielle, de la dernière période du compositeur », précise Alain Poirier, avant d’ajouter le commentaire sur l’origine de la composition : « A la suite d’une attaque cardiaque, alors âgé de soixante-douze ans, Schoenberg se trouve dans un état de mort clinique dont la médecine ne l’extraira que grâce à une injection dans le cœur. Rarement la musique de Schoenberg aura été d’une telle intensité renvoyant aux œuvres les plus fortes de la période expressionniste ». Franz Peter Zimmermann au violon, Antoine Tamestit à l’alto et Christian Poltéra au violoncelle empoignent ces partitions avec une ferveur habitée, délivrant un discours musical des plus passionnants, et laissant l’auditeur face à une osmose parfaite entre les trois musiciens pleinement investis. Rien que du grand art.

Jean-Jacques Millo