Aujourd’hui encore, le compositeur Bernd Alois Zimmermann (1918-1970) demeure un personnage énigmatique, malgré la reconnaissance internationale que lui valut son opéra « Die Soldaten ». « A travers plusieurs « périodes », nous dit François-René Tranchefort, les quarante partitions qu’a laissées Zimmermann sont une progression continue vers un idéal philosophique, - le compositeur s’étant défini lui-même comme « un mélange typiquement rhénan de moine et de Dionysos » ; ses œuvres reflètent cette dualité de l’ascète, de l’humaniste chrétien engagé, et de l’être hypersensible, passionné, qu’il fut également. Quant aux « périodes » de sa création, elles ont été réparties par Harry Halbreich en expressionniste, pluraliste et statique. Mais c’est la puissance expressive qui domine de bout en bout, Le violoncelle fut l’instrument de prédilection du musicien, et c’est lui qui paraît le plus souvent dans les œuvres d’orchestre ». Avec cet album de trois SACD, consacré aux dernières partitions symphoniques, en voici un exemple magistral. Le « Concerto pour violoncelle et orchestre en forme de pas de trois » datant de (1965-66), « Musique pour les soupers du Roi Ubu » de (1962-1967) et « Stille und Umkehr – Orchestrerskizzen » (Calme et Accueillant – Orchestre peu précis) de (1970), sont au programme de cet enregistrement digne du plus grand intérêt. Les artistes en présence sont tous à saluer pour leur engagement musical indéniable, culminant dans « Musique pour les soupers du Roi Ubu », jubilatoire et jouissif à souhait. Nous trouverons également ici l’écrivain Elke Heidenreich dans une longue évocation enregistrée en 2013, ainsi qu’une interview du musicien lui-même datant de 1968 et une autre du compositeur York Höller (élève en composition de Bernd Alois Zimmermann) menée par Mirjam Wiesemann en 2016. Voici donc une parution indispensable pour la découverte d’un homme à la fois attachant, passionné et ne manquant pas d’humour.
Jean-Jacques Millo Still today, the composer Bernd Alois Zimmermann (1918-1970) remains an enigmatic character, despite the international recognition he earned for his opera “Die Soldaten.” “Covering several “periods,” states François-René Tranchefort, “the forty scores Zimmermann left are a continuous progression towns a philosophical idea – the composer having defined himself as “a mix that is typical Rhenish monk and Dionysus”; his works reflect the ascetic duality, that of the engaged Christian humanist, and the passionate, hypersensitive being that he also was. As to the “periods” of his creation, they have been divided up by Harry Halbreich as expressionist, pluralist, and static. But, it is expressive power that dominates from beginning to end. The cello was the instrument of predilection of the musician, and it is the instrument that appears the most often in his works for orchestra.” This album of three SACDs, devoted to his last symphonic scores, is a majestic example. The “Concerto for Cello and Orchestra in the form of pas de trois” dates from 1965-1966, “Music for the Suppers of the King Ubu” from 1962-1967, and “Stille and Umkehr – Orchestrerskizzen” (Calm and Welcoming – Orchestra unspecified) from 1970 are on the program of this recording which is well worth our attention. The artists heard here are all to be saluted for their undeniable musical engagement, culminating in “Music for the Suppers of the King Ubu,” which is infinitely jubilatory and playful. We also find here the writer Elke Heidenreich in a long interview recorded in 2013, as well as an interview with the composer himself dating from 1968, and another of the composer York Höller (a composition student of Bernd Alois Zimmermann) questioned by Mirjam Wiesemann in 2016. Here then is an release indispensable in order to discover a man who was endearing, passionate and humorous all at the same time. Translation Lawrence Schulman |