« Le jour où une messe solennelle composée par moi sera exécutée durant les cérémonies de consécration de Votre Altesse impériale comptera parmi les jours les plus glorieux de ma vie, et Dieu m’assistera afin que mes pauvres talents puissent contribuer à la gloire de ce jour ». Ainsi s’exprimait le maître de Bonn lorsqu’il écrivit à l’Archiduc Rodolphe, frère de l’empereur François 1er. Durant plus de trois années, Beethoven travailla à sa seconde messe et le musicologue Marc Vignal fait justement remarquer que « Aucune autre œuvre de Beethoven ne fut si souvent interrompue dans sa genèse », avant d’ajouter que « la Missa Solemnis tire largement sa puissance d’un usage très complexe d’images et de formules traditionnelles de rhétorique musicale dont la signification s’était dégagée en des siècles de pratique et d’évolution ». Marek Janowski embrasse le grand œuvre beethovénien avec un souffle indéniable, soutenant un quatuor vocal tout aussi imprégné de grandeur, avec la soprano Régine Hangler, l’alto Elisabeth Kulman, le ténor Christian Elsner et la basse Franz-Josef Selig. Malgré quelques faiblesses éparses liées à des baisses de tension, cette interprétation est fort recommandable et fera bonne figure auprès des versions légendaires.
Jean-Jacques Millo |