Chez Robert Schumann, la poésie est intrinsèquement liée à sa personnalité. C’est Harry Halbreich qui en parle le mieux : « L’expression musicale a jailli lorsqu’il s’est rendu compte qu’elle était pour lui un langage plus puissant et plus précis que le verbe, mais il ne fut pas, primordialement, compositeur, pas plus que Berlioz ou Wagner. Il le devint après voulu être poète, puis pianiste virtuose. Son premier élan vers la musique l’entraîna non vers la création mais vers l’interprétation ». Le jeune pianiste Florian Glemser s’immerge totalement dans l’univers schumanien en interrogeant « Kreisleriana » Op.16, « Waldszenen » Op.82 et « Gesänge der Frühe » Op. 133, avec en bonus le choral « Wenn mein Stündlein vorhanden ist ». Dans un jeu retenu aux nuances bien dosées, Ce dernier use pourtant d’un excès de sagesse qui laisse le mélomane sur sa faim. L’univers de la musique pour piano de Schumann semble alors comme nimbé de nuages plus ou moins denses, difficiles à percer.

Jean-Jacques Millo