Créée en 1893 à Saint Petersbourg sous la direction du compositeur qui mourut une semaine plus tard, la sixième symphonie de Tchaikovsky est un véritable requiem dans lequel le désespoir semble régner en maître. Œuvre personnelle s’il en fut, mais également secrète, elle est, disait Tchaikovsky : « … la meilleure chose que j’aie jamais faites. En tous cas, elle est la plus profondément ressentie. Et je l’aime comme je n’ai jamais aimé aucune de mes compositions ». Le chef d’orchestre hongrois, s’empare du dernier grand œuvre du compositeur russe et nous laisse pour le moins perplexe. Refusant tout pathos, son interprétation gomme le « Fatum » au profit d’une « légèreté » d’ensemble qui ne laisse aucune place à la douleur intérieure. C’est en quelques sortes une vision comme « dégraissée » de toute tension, laissant Tchaikovsky orphelin de ses tourments. En complément, les fameuses Danses Polovtsiennes extraites de l’opéra Le Prince Igor d’Alexander Borodine, sont sans surprise et achèvent un enregistrement sans profondeur.
Jean-Jacques Millo |