Opus Haute Définition e-magazine

Rachmaninov. Tchaikovsky

Trios Russes

Caroline Sageman (piano). David Galoustov (violon). Maja Bogdanovic (violoncelle)

Lyrinx LYR 2290, Socadisc Distribution

Super Audio CD hybride stéréo/multicanal

La dernière parution du label marseillais Lyrinx propose un voyage en terre de Russie autour de deux grandes figures musicales emblématiques de ce vaste pays. Serge Rachmaninov tout d’abord, avec son « Trio Elégiaque N°1 pour piano, violon et violoncelle datant de 1892. « Même si, dans ce trio de jeunesse, le clavier monopolise le discours, il laisse déjà les cordes prolonger la recherche vocale qu’il prête au violon et, surtout, au violoncelle », souligne Pierre-Emile Barbier, avant d’ajouter que « le Trio ne fut édité à Moscou qu’en 1947 et réédité en 1957 ». Le programme se poursuit avec le « Trio pour piano et cordes, en la mineur « A la mémoire d’un grand artiste » de Tchaikovsky. Lié à la disparition du musicien et ami Nicolaï Rubinstein, Frère d’Anton, ce Trio, « fait preuve d’une retenue, d’une discrétion rares. Plus élégiaque que funèbre, sans tragédie, il surprend plus encore par ses dimensions insolites (il est presque aussi long que la Symphonie Pathétique) et par sa forme : deux vastes volets qui ne s’apparentent guère à l’ordonnance traditionnelle. Enfin la partie de piano, très chargée, impose d’emblée un style concertant assez brahmsien, - où les deux archets, qui doivent affronter mainte difficulté technique, tiennent le rôle de l’orchestre : tout cela fort en marge des courants de la musique de chambre de l’époque », nous dit Jean-Alexandre Ménétrier. Les artistes participant à cet enregistrement sont dans une osmose de jeu indéniable. Le piano de Caroline Sageman devient un instrument de pure passion, comme chauffé à blanc et Maja Bogdanovic au violoncelle imprègne le discours musical d’une « douceur » bienvenue. David Galoustov, quant à lui, donne l’impression désagréable de chercher un son violonistique qu’il peine à trouver. Néanmoins, ce SACD, enregistré en public au Théâtre de la Criée à Marseille, tient ses promesses et nous transporte véritablement sur des sommets musicaux.

Jean-Jacques Millo

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