« Une vie de héros » de Richard Strauss (1864-1949), poème symphonique Op.40 « met un terme éclatant à la décennie durant laquelle ce dernier a porté l’art du poème symphonique à un niveau exceptionnel de maîtrise formelle, tout en affirmant les prestiges de l’orchestre « moderne ». Un genre connaît ici son apothéose et, sans doute, un aboutissement au tout dernier déclin du XIXème siècle », écrit si justement François-René Tranchefort, qui poursuit, s’agissant du poème symphonique « Macbeth » Op.23, « Pour la première fois Strauss met en musique un « Héros » avec, déjà, cet instinct inné de dramaturge qui, pourtant, ne se livrera que bien plus tard à la passion exclusive du théâtre. Pour la première fois aussi, et respectueux d’une loi du « genre » dont le modèle reste Liszt, il compose en un seul mouvement empruntant la forme de la sonate libre, - unifié ici par le thème conducteur désignant le personnage de Macbeth ». Le chef d’orchestre Andrés Orozco-Estrada semble plus inspiré par Richard Strauss que par Anton Dvorak, dont l’intégrale des symphonies en cours n’est guère enthousiasmante. Ici, les pupitres sonnent avec la puissance requise et leur équilibre est maîtrisé. Orozco-Estrada captive par une narration orchestrale efficace et tendue. Bref, nous attendons la suite de ce parcours symphonique dédié à l’auteur du « Chevalier à la Rose », en espérant qu’il ne s’arrêtera pas là.

Jean-Jacques Millo