Le musicologue François-René Tranchefort souligne avec justesse l’intérêt de la situation de Respighi dans la musique italienne : « elle correspond à un renouveau symphonique – auquel contribuèrent également des personnalités telles que Malipiero et Casella. Esprit ouvert – trop ouvert – à toutes les influences (outre Rimski-Korsakov, Debussy comme Richard Strauss), Respighi tente tout à la fois d’endiguer les débordements du vérisme triomphant, de renouer avec les plus nobles traditions musicales de son pays (vieux modes du plain-chant, notamment), tout en créant une sorte d’art mélangeant post-romantisme et impressionnisme, voir néo-classicisme, déployé dans de grandes fresques symphoniques à l’orchestration gorgée de luxuriance et de sensualité ». A la tête de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège, John Neschling poursuit son exploration du répertoire symphonique du compositeur italien. Sous sa baguette, la Symphonie Dramatique datant de 1913-14 respire avec bonheur, dans un équilibre des pupitres savamment dosé, même si le souffle général fait quelque peu défaut. L’ouverture Belfagor de 1924 est de la même eau, pour un discours musical des plus probants. Bref, une réussite à savourer à sa juste mesure.
Jean-Jacques Millo |