Opus Haute Définition e-magazine

Enrique Granados

Goyescas. Escenas Poéticas

Joop Celis (piano)

BIS 2122, Socadisc Distribution

Super Audio CD hybride stéréo/multicanal

Le compositeur espagnol Enrique Granados (1867-1916), mort tragiquement dans le naufrage d’un paquebot, est encore aujourd’hui méprisé par une grande partie de ses confrères considérant sa musique comme inepte et loin de l’âme espagnole. Comme le souligne si justement François-René Tranchefort : « Granados, de culture romantique (influences de Chopin, Schumann, Grieg, voire Liszt), n’est pas vraiment un représentant de l’ « hispanisme » comme Albéniz, ou comme Falla. Il s’est tourné plus vers l’Espagne galante du XVIIIe siècle que vers un folklore authentique, - dont il ne conserve que les tournures et les rythmes essentiels. A ce titre, les Goyescas sont exemplaires d’un art à mi-chemin entre la confession lyrique, toute personnelle, et l’expression de l’âme profonde d’un pays, secrète et non immédiatement perceptible par qui lui est étranger ». L’enregistrement proposé par le label suédois Bis propose, outre les Goyescas, « Escenas Poéticas », « Intermezzo de la Opera Goyescas » et « El Pelele ». Côté interprétation, c’est un petit miracle d’équilibre, de souffle, de poésie, de virtuosité qui s’empare des doigts experts du pianiste hollandais Joop Celis. Une telle inspiration, nous n’en n’avions guère entendue depuis Alicia de Larrocha. La musique de Granados retrouve alors l’incarnation d’une pensée plus profonde qu’elle n’y paraît. Dans un excellent rendu sonore, ce SACD est une aubaine à écouter sans modération.

Jean-Jacques Millo

The Spanish composer Enrique Granados (1867-1916), who died tragically in the sinking of an ocean liner, is still today looked down upon by a lot of his colleagues, who consider his music inept and far from the Spanish soul. As François-René Tranchefort so rightly states: “Granados, of romantic culture (influenced by Chopin, Schumann, Grieg, and even Liszt), is not really a representative of ‘hispanism,’ as is Albéniz, or like Falla. He is more turned towards the gallant Spain of the 18th century than authentic folklore, of which he conserved only the essential appearances and rhythms. In that sense, the Goyescas are exemplary of an art that is halfway between the quite personal lyric confession and the expression of the innermost soul of a country, which is secret and not immediately perceptible to he who is foreign to it.” The recording by the Swedish label Bis proposes, other than the Goyescas, “Escenas Poéticas,” “Intermezzo de la Opera Goyescas,” and “El Pelele.” Insofar as the interpretation, it is a small miracle of balance, inspiration, poetry, and virtuosity that comes out of the expert fingers of the Dutch pianist Joop Celis. We haven’t heard such inspiration since Alicia de Larrocha. Granados’ music thus embodies a thoughtfulness that is deeper than appearances. In an excellent sound recording, this SACD is a godsend that should be listened to without moderation.

Translation Lawrence Schulman

Visuel