Le sous-titre « according to Anna-Magdalena » sur la pochette de ce SACD laisse pour le moins perplexe et ferait même sourire quand l’on connaît la condition des femmes à l’époque du Kantor de Leipzig. Car comme le souligne si justement la musicologue Adélaïde de Place, « Il n’existe pas de manuscrits autographes de ces pièces, mais plusieurs copies dues notamment à Anna-Magdalena, seconde épouse de Jean-Sébastien, à Johann Peter Kellner, organiste et ami de Bach et à Wesphall. La copie d’Anna-Magdalena contient malheureusement quelques erreurs. Celle de Kellner, réalisé en 1726, est plus exacte, bien qu’il y manque une pièce. Elle donne en tout cas des indications de phrasés extrêmement précieuses ». Le violoncelliste Matt Haimovitz propose ici une version « exalté » de ces Suites célèbres. Son jeu « débridé » interpelle l’auditeur plus qui ne le comble. L’émotion ne parvient pas à percer cette vision opaque, qu’une prise de son en PCM (hi-res) lointaine et sèche n’arrange guère. Bref, à découvrir pour retourner très vite vers les grandes interprétations du passé.
Jean-Jacques Millo |