Le grand œuvre vocal du compositeur Gyrögy Kurtag (1926), « Kafka Fragments » pour soprano et violon Op.24 datant de 1985 -87, est un cycle en quatre parties regroupant une quarantaine de lieder de durées sensiblement différentes, d’après le journal de Kafka. L’enregistrement qui nous occupe ici, sur support SACD, est indéniablement une référence vers laquelle nous reviendrons souvent, tant l’engagement virtuose de la soprano Caroline Melzer est impressionnant de maîtrise. Car Kurtag est un compositeur exigeant avec ses interprètes, comme il le dit lui-même : « Il faut réinventer en quelques sortes la façon de « faire de la musique », tout comme l’enfant qui expérimente et persiste dans l’expérimentation parce qu’il a une idée bien précise de ce qu’il veut. Tout comme Michel-Ange, qui ôtait de la pierre le superflu pour parvenir à son œuvre (il pensait que tout ce que l’on veut dire est dans la pierre, immanent de la pierre). C’est ainsi que nous devons procéder aussi. Le pédagogue ne doit pas travailler en diminuant les choses ». Accompagnée par la pianiste Nurit Stark, dans une osmose parfaite, Caroline Meltzer nous offre une heure de musique essentielle porteuse de rares émotions.
Jean-Jacques Millo The great vocal work by the composer Gyrögy Kurtag (born 1926), “Kafka Fragments” for soprano and violin dating from 1985-87, is a cycle in four parts grouping about forty songs of markedly differing length based on Kafka’s journal. The recording here on SACD is undeniably a reference towards which one will often return due in large part to the virtuoso engagement of soprano Caroline Melzer, who is an impressive master. For, Kurtag is a composer who is demanding of his interpreters. As he states, “It is necessary to reinvent, if you will, the way in which we ‘make music,’ just like a child who experiments and persists in experimenting because he has a precise idea of what he wants. Just like Michel-Ange, who removed superfluous stone in order to attain his work (he thought that everything was in the stone, came from the stone). It is thus that we too must proceed. The pedagogue must not work in diminishing things.” Accompanied by the pianist Nurit Stark, in perfect osmosis, Caroline Meltzer offers us an hour of essential music that transports rare emotions. Translation Lawrence Schulman |