Le dernier enregistrement du label Lyrinx propose des pièces pour deux pianos de Franz Liszt. Deux pianos pour deux transcriptions faîtes par lui-même comme « Réminiscences de Don Juan de Mozart » de 1877 et son poème symphonique « Les Préludes » datant de 1856. La troisième transcription est signée Emil von Sauer pour « Bénédiction de Dieu dans la solitude » et date de 1906. Le programme comporte également l’arrangement pour deux pianos du « Concerto pathétique » de 1856 d’après la version pour orchestre de 1850. Aujourd’hui encore, pour nombre de pianistes, la musique de Franz Liszt garde l’image d’un panthéon difficilement accessible. C’est oublier ce que disait Camille Saint-Saëns : A l’encontre de Beethoven méprisant les fatalités de la physiologie et imposant aux doigts contrariés et surmenés sa volonté tyrannique, Liszt les prend et les exerce dans leur nature, de manière à obtenir, sans les violenter, le maximum d’effet qu’ils sont susceptibles de produire. Aussi sa musique, effrayante à première vue pour les timides, est-elle, en réalité, moins difficile qu’elle ne paraît ». Timides, Marie-Josèphe Jude et Michel Béroff ne le sont pas. Leurs jeu, d’une osmose parfaite, d’une harmonieuse connivence, se défend de tout maniérisme pour aller à l’essentiel de la musique du grand hongrois, qui les inspire au-delà des notes. Sous leurs doigts, la figure du compositeur inlassable offre les traits d’un homme s’abîmant entièrement dans la musique, et rien qu’en elle. Pour cette vision unique, ce SACD ne peut que l’être aussi.
Jean-Jacques Millo The latest recording on the Lyrinx label proposes pieces for two pianos by Franz Liszt. Two pianos for two transcriptions done by the composer, namely the “Reminiscences of Don Juan by Mozart” dating from 1877 and his symphonic poem “Preludes” dating from 1856. The third transcription is signed Emil von Sauer for “God’s Benediction in Solitude” and dates from 1906. The program also includes the arrangement for two pianos of the “Pathetic Concerto” dating from 1856 based on the orchestral version from 1850. Still today, for many pianists, Franz Liszt’s music retains the image of a pantheon that is accessible with difficulty. That is to forget what Camille Saint-Saëns said: “Contrary to Beethoven’s disdain for the fate of his physiology and imposing on his stymied and overwrought fingers his tyrannical willpower, Liszt takes and exerts them as they are, so as to obtain, without assaulting them, the maximum effect they can produce. Also, his music, frightful at first glace for those who are timid, is in reality less difficult that it would seem.” Marie-Josèphe Jude and Michel Béroff aren’t timid. Their playing, which is of a perfect osmosis, a harmonious complicity, refrains from any kind of mannerism in order to get to the essential in the music of the great Hungarian, who inspires them beyond the notes. Under their fingers, the figure of the indefatigable composer appears as a man immersed in his music, and nothing but. For this unique vision, this SACD is just as unique. Translation Lawrence Schulman |