Datant de 1909, la Symphonie N°9 de Gustav Mahler (1860-1911) se décline en quatre mouvements. Le premier fut décrit par Alban Berg dans les termes suivants : « Le premier mouvement est la chose la plus magnifique de tout ce que Mahler à écrit. C’est l’expression d’un amour inouï pour cette terre, le désir d’y vivre en paix et, quant à la nature, d’en jouir encore jusqu’au bout dans toute sa profondeur – avant que le mort vienne. Car elle vient irrésistiblement. Tout ce mouvement repose sur le pressentiment de la mort. Encore et toujours elle est présente. Tout ce qui est rêvé sur terre y culmine, et surtout, naturellement, dans le passage inouï où ce pressentiment de la mort devient certitude ; où, au milieu du plus douloureux appétit de vivre, la mort s’annonce « avec la plus grande violence » ». Ivan Fischer et Le Budapest Festival Orchestra font de cette œuvre ultime une sorte de dernier grand soupir, non pas de résignation, mais de sérénité profonde, universelle, celle qui délivre de tout. Avec une finesse confondante, le chef hongrois se joue des nuances les plus subtiles pour accéder au silence absolu, celui qui, plus que tout autre, est habité d’une musique intérieure intense.
Jean-Jacques Millo Dating from 1909, the Symphony N°9 by Gustav Mahler (1860-1911) is made up of four movements. The first was described by Alban Berg as such: “The first movement is the most magnificent thing Mahler ever wrote. It is the expression of inexpressible love for this earth, the desire to live there in peace, and as for nature, to rejoice in it to the end in all its depth – before death comes. For, it comes irresistibly. All that is dreamt on earth is culminated by death, and above all, naturally, in the inexpressible passage in which this inkling of death becomes certain; where, in the middle of the most painful desire to live death announces itself ‘with the greatest violence’.” Ivan Fischer and the Budapest Festival Orchestra make this late work a kind of last breath, not one of resignation, but of deep serenity, universal, one that relieves us of all. With confounding finesse, the Hungarian conductor plays with the most subtle nuances and leads us to absolute silence, one which, more than any other, is inhabited by a music that is intensely interior. Translation Lawrence Schulman |