François-René Tranchefort le soulignait jadis avec justesse : « La Mer est une « symphonie », - l’unique de son auteur : trop de chefs d’orchestre embrument la partition de lyrisme post-romantique ou d’ « impressionnisme », et font oublier le plan de l’œuvre, fermement tracé et équilibré : le morceau initial – De l’aube à midi sur la mer – est une grande forme « ouverte » sans redites ni véritable unité thématique ; il fait fonction de premier mouvement traditionnel, avec son introduction lente, et de mouvement lent. La deuxième pièce – Jeux de vagues – fait office de scherzo, tandis que le morceau conclusif – Dialogue du vent et de la mer – prend le caractère d’un vrai finale, avec sa forme proche du rondo ». Les Images pour Orchestre sont au nombre de trois, Gigues, Iberia et Rondes de printemps. Le Chef d’orchestre et ami de Debussy, André Caplet écrivait à propos de la première image : « Gigues… Gigues tristes… Gigues tragiques… Peinture d’âme… Ame meurtrie dont la pudeur, cependant, s’inquiète et s’effarouche du lyrisme des épanchements. Aussi dissimule-t-elle bien vite des sanglots sous le masque et la gesticulation anguleuse d’une marionnette grotesque ». Prélude à L’Après-midi d’un Faune d’après le poème de Stéphane Mallarmé fut composé en 1892-1894 alors que Debussy était plongé dans Pelléas et Mélisande. Avec une précision des détails et un bel équilibre des pupitres, Lan Shui captive de bout en bout de cet enregistrement à la prise de son non moins remarquable. Son discours musical passionné et volontaire subjugue et ébloui à la fois. Bref, un SACD de musique française à découvrir sans attendre.
Jean-Jacques Millo François-René Tranchefort once said quite rightly: “La Mer is a ‘symphony,’ – the only one by the composer. Too many conductors befog the score with post-romantic lyricism or ‘impressionism,’ and forget the layout of the work, which is firmly traced and balanced. The first section – De l’aube à midi sur la mer – is an ‘open’ large format without repetitions or veritable thematic unity; it serves as a traditional first movement, with its slow introduction, and as a slow movement. The second section – Jeux de vagues – serves as a scherzo, whereas the concluding section –Dialogue du vent et de la mer – has the character of a true finale, with its form that is close to a rondo.” The Images pour Orchestra count three: Gigues, Iberia, and Rondes de printemps. The conductor and friend of Debussy, André Caplet, wrote about the first image: “Gigues… Sad gigues… Tragic gigues… Painting of the soul… A soul murdered by modesty, yet worries and takes fright over the lyricism of effusions. It also dissimulates tears quickly under the mask and craggy gesticulation of a grotesque puppet.” Prélude à L’Après-midi d’un Faune based on a poem by Stéphane Mallarmé was composed in 1892-1894 when Debussy was in the middle of Pelléas et Mélisande. With precision for details and great balance between soloists, Lan Shui captivates us from beginning to end of this disc, which as a sound recording is just as remarkable. His passionate and resolute musical discourse both subjugates and dazzles us. In short, here is an SACD of French music that needs to be discovered without further ado.
Translation Lawrence Schulman |