La Quatrième symphonie de Gustav Mahler fut offerte au public, sous la direction même de son auteur, le 25 novembre 1901. Et comme le disait le musicologue Marc Vignal : « Elle n’est pas qu’aboutissement et synthèse de ce que Mahler avait composé jusqu’alors. Elle est tout autant plaque tournante et point de départ. Par rapport aux trois premières symphonies, toujours plus longues et comprenant chaque fois un mouvement de plus, elle raccourcit et allège. Elle revient au nombre traditionnel de quatre mouvements, et supprime, dans l’orchestre, trombones et tuba. Elle conserve la voix soliste, mais non le chœur. En outre, raccourcissement est synonyme chez elle – cela ne va pas toujours de soi – de concentration et de sens plus aigu des proportions ». Le chef d’orchestre Antonello Manacorda, co-fondateur avec Claudio Abbado du Mahler Chamber Orchestra, trouve le ton juste et précis de la partition du compositeur autrichien, en ciselant les timbres avec finesse. Cependant ces atouts ne résistent guère à la durée de l’œuvre, et jusqu’au terme du lied final nous attendons en vain ce « petit miracle » qui fait les grandes interprétations. Les trois lieder du Knaben Wunderhorn, que la voix aguerrie de Lisa Larsson ne parvient pas non plus à transcender, font de ce SACD, à la prise de son néanmoins remarquable, un disque de plus, tout simplement, bien en deçà des prestations de Ivan Fischer (voir Opus HD N°54) et Manfred Honeck (voir Opus HD N°85).

Jean-Jacques Millo