Composé pour le piano après la mort du peintre Victor Hartmann, le cycle des Tableaux d’une Exposition de Modeste Moussorgsky est surtout célèbre dans sa version orchestrée par Maurice Ravel. Dans cette œuvre le compositeur russe y décrit plus ses impressions personnelles que ce que représentent véritablement les peintures de son ami : « Moussorgsky part souvent de suggestions insignifiantes, voire parfois, de sujets qui n’ont même pas existé à l’exposition, pour brosser des images qui correspondent à ses archétypes et à ses fascinations personnelles ». L’orchestration du chef d’orchestre Léopold Stokowski qui nous occupe ici se situe aux antipodes de celle du compositeur français. D’un aspect plus rude, recherchant l’expression la plus sombre et le spectaculaire le plus clinquant, la version de Stokowski ne possède ni la poésie, ni l’unité, ni le style propre à Ravel. Cela dit, le propos n’est pas inintéressant et mérite une attention particulière, car malgré son ton résolument différent, le génie de Stokowski est bien là, toujours aussi fascinant. A la tête de l’orchestre symphonique de Bournemouth, José Serebrier restitue parfaitement la flamboyance du discours musical en jouant la carte de l’exubérance, sans essayer d’atténuer ou de gommer les excès de l’orchestration. Dans une prise de son de démonstration, ce Super Audio CD est un moment de musique tout à fait recommandable. A signaler que le disque comporte également « Humoresque » et « solitude » de Tchaïkovski ainsi qu’une composition de Stokowski lui-même, « Musique de noël traditionnelle Slave ».

Jean-Jacques Millo