Le Barbier de Séville de Rossini, adapté de la pièce de théâtre de Beaumarchais écrite en 1775, est parvenu au fil des années à supplanter l'opéra de Paisiello alors que la première au Teatro Argentina de Rome le 20 février 1816 sous de la direction de Rossini lui-même a été un fiasco. Le lendemain, Rossini se fit porter malade. Voici une représentation captée à l'Opéra National de Paris en 2002 dans une mise en scène de Coline Serreau, plus à son aise ici qu'au cinéma semble-t-il. Les décors de Jean-Marc Stehlé et Antoine Fontaine sont splendides et somptueux. Enfin, surtout, ce sont de vrais décors afin que tout le monde puisse se glisser dans le spectacle et non pour se poser des questions abstraites et cérébrales. Les costumes d'Elsa Pavanel sont plus étranges, en tout cas certains, celui notamment de Figaro : il a un petit parapluie multicolore au-dessus de la tête, des lunettes jaunes et des téléphones portables autour d'un bras. C'est d'un mauvais goût achevé... Sans atteindre le niveau de qualité du DVD de l'oeuvre dirigée par Claudio Abbado dans des décors et une réalisation de Jean-Pierre Ponnelle parue chez Deutsche Grammophon, le chef d'orchestre Bruno Campanella défend la partition avec brio et vivacité. Bonne surprise. Question chant, la meilleure est Joyce DiDonato dans le rôle de Rosine (elle pouvait même faire mieux à mon sens), et le meilleur est... Carlos Chausson, remarquable dans le rôle de Bartolo, tout aussi bien dans le chant qu'en tant qu'acteur, ce qui se fait de plus en plus rare. Il arrive ainsi à éclipser le comte Almaviva de Roberto Saccà, au demeurant bon, et surtout le Figaro de Dalibor Jenis, assez moyen compte tenu du registre. Son apparition dans le célèbre air « Largo al factotum » ne convainc pas tout à fait malgré une voix solide. En bref, un bon spectacle malgré quelques fausses notes.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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