Voilà en un double DVD des enregistrements sortis en disque compact dans les années quatre vingt. Et ma foi, c'est plutôt une bonne surprise. Nikolaus Harnoncourt a dégraissé le philharmonique de Vienne pour le réduire à un orchestre de chambre, ce qui lui donne un son plus sec (c'est le problème d'Harnoncourt), moins chaud ou velouté si l'on veut. En aparté, il faut dire que Nikolaus Harnoncourt est assez comique à regarder car on dirait un hibou halluciné quand il ouvre ses grands yeux de temps en temps tout en faisant de grands gestes tout aussi secs comme pour effrayer les moineaux. Mis à part cela, la plus grosse surprise est le jeu de Gidon Kremer qui tient le coup avec sa sonorité dépouillée mais sensible. Il semble très à l'aise et s'implique très généreusement dans cette intégrale des concertos pour violon dont le plus connu est le dernier, le cinquième (formidable rondeau). Il forme avec Harnoncourt une parfaite harmonie un peu étonnante de prime abord. Kim Kashkashian, quant à elle, interprète la symphonie concertante avec beaucoup de ferveur et de style. Comme d'habitude, la réalisation d'Unitel est soignée. Un double DVD qui n'est pas ce qu'on pourrait qualifier d'idéal mais qui se défend dans un certain registre.

Yannick Rolandeau