Second coffret consacré au grand chef d'orchestre Günther Wand (1912-2002) avec deux symphonies de Bruckner, la quatrième et la septième, trois symphonies de Schubert, la cinquième, la huitième dite Inachevée; et la neuvième, et enfin la première symphonie de Brahms et l'ouverture Léonore III de Beethoven. Günther Wand, discret, peu avide de publicité, travaillant en profondeur, a été chef d'orchestre pendant soixante dix ans puisqu'il commenca sa carrière à vingt ans en 1932 comme chef de chant à Wuppertal. C'est à soixante-dix ans qu'il fut appelé au pupitre de l'orchestre symphonie de la NDR. Il travailla avec lui pendant vingt ans. Tous ces concerts ont été enregistrés au festival de musique de Schleswig-Holstein, respectivement le 24 juin 1990 et le 28 août 1999 pour Bruckner et Beethoven, le 24 août 1997 pour la 5ème de Schubert et la première de Brahms, et le 20 août 1995 pour les deux autres de l'ami Franz. Il n'y a pas de grande surprise dans ces interprétations et ce n'est pas cela qui doit passionner le mélomane au premier abord mais le travail d'orfèvre qu'effectue Günther Wand. Les morceaux de choix ici sont constitués surtout par les symphonies de Bruckner, Brahms et Beethoven où Günther Wand montre la quasi absolue maîtrise de son art ainsi que la passion qu'il insuffle à ses musiciens. Je revois distinctement l'incroyable ferveur, par exemple, qui balaye l'orchestre dans le dernier mouvement de la symphonie de Brahms. L'émotion est palpable. Extraordinaire moment je dois dire. Autre moment bouleversant dans le premier mouvement de la septième symphonie de Bruckner où Günther Wand est littéralement porté, par la musique qu'il dirige : il ferme les yeux, serre le poing. Tout se lit dans l'expression de son visage que le réalisateur n'a pas manqué de cadrer. Il faut ajouter que l'orchestre sonne magnifiquement tout au long de ces quatre DVD. Belle limpidité et transparence au passage, et il faut saluer le très beau travail de chaque musicien. La captation vidéo est classique mais soignée et c'est Hugo Käch qui en a effectué la réalisation. L'homogénéité est évidente. Évidemment, rien n'est jamais parfait et heureusement toutefois... J'ai toujours trouvé que la direction de Gunther Wand était assez lente dans le premier mouvement de la 8ème symphonie de Schubert par exemple là où il faudrait être, à mon avis, plus fiévreux et incisif. Ça se traîne un peu comme on dit surtout pour un Allegro qui, même s'il est moderato, ne doit pas être trop lent. Sans cela, c'était un Opus d'or. Voilà un coffret de toute beauté qui ravira non seulement les passionnés de Günther Wand mais également tous ceux qui s'intéressent à la direction d'orchestre.

Yannick Rolandeau

Disponible sur