Opus Haute Définition e-magazine

Pierre Boulez

Ideale Audience 6, Intégral Distribution

DVD stéréo

Pierre Boulez est une institution et quand je dis institution, c'est bien le mot. On se souvient, il y a quelques années du livre de Benoît Duteurtre, Requiem pour une avant-garde, (le livre ressort aujourd'hui aux Belles Lettres). Ce dernier s'en prenait aux dogmes de l'avant-gardisme et en particulier à Pierre Boulez pour son sectarisme, sa musique basée sur une théorie stérile de l'art, son hégémonie illégitime, la dictature de l'atonal et du sériel comme forme suprême de la musique sérieuse, nouvelle forme d'académisme sous des apparences trompeuses de recherche créatrice. C'était aussi la critique virulente du monde officiel de l'Ircam, de l'EIC etc., un avant-gardisme subventionné qui ne défend ses principes esthétiques que grâce à une infra-structrure de pouvoir et à des subventions. Le pavé était dans la mare. Ça a fait jaser. Qu'en est-il de la musique de Boulez et de ces deux films, l'un Eclat de Frank Scheffer et l'autre A lesson by Pierre Boulez d'Andy Sommer, qui constituent ce DVD ? Parlant de la tradition de la musique occidentale dans Eclat qui va d'un point à un autre dans un flux continuel, Boulez dit : « Ce que je voulais au contraire, c'est entendre le son avant de rechercher le langage. » Sans le passé et sans l'avenir, rien que le présent, ajoute-t-il plus loin. Rien que le son. Effectivement, on entend du son. Et c'est tout, au point que l'on a l'impression de pures structures mathématiques qui se déroulent et qui pourraient durer sans cesse. Le premier film nous fait assister à une répétition d'une pièce de Boulez (avec des commentaires de Boulez) et dans le second, Boulez en personne donne une leçon sur sa musique devant un public. Pour celui qui voudrait y comprendre quelque chose, c'est le plus «passionnant» si j'ose dire car le « maître » fait un cours mais le problème est que Pierre Boulez ne nous parle que de trajectoire, de désinence, d'espace, de plans sonores, de spectre etc. Et alors ? Voilà le problème car c'est froid et sans âme, musicalement parlant. La musique ne doit pas être seulement intelligente mais avoir une sensibilité. Bon, après Boulez, on pourrait faire des reportages sur des compositeurs plus intéressants et un peu oubliés comme Giacinto Scelsi ?

Yannick Rolandeau

Disponible surIntegralmusic.fr
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