Ce portrait croisé offre un documentaire sur deux artistes : le sculpteur basque Oteiza qui a fondé son Laboratoire des craies où il travailla sur de toutes petites sculptures, prototypes d’œuvres qui peuvent être réalisées à l’échelle monumentale et Ramon Lazkano qui, reprenant l’idée d’Oteiza a fondé son propre laboratoire, singeant l’idée primitive d’une façon sonore. Si l’on en reste à la musique, celle de Ramon Lazkano joue à plein sur le minimalisme contemporain qui est devenu une ritournelle usée et surtout sur le concept d’originalité, de façon à n’être jamais attaqué puisque « moderne ». Le documentaire met en relief ce travail minimaliste. Tout semble tourner autour de concept comme l’inachevé, de l’aléatoire, du provisoire, concepts si féconds pour être « moderne » et où disparaît la notion même d’auteur. La notice explicite : « Musique et sculpture adviennent dans un espace auquel elles donnent forme. Lazkano nous parle d’ailleurs de “tailler le son”, d’“informer” cet espace invisible et de le faire vibrer. Les intervalles sculptent et les notes dessinent des contours. Ses oeuvres sont des objets miniatures faits de matériaux rares et impromptus. Bien qu’autonomes, elles se répondent parfois et répondent aux questions précises qu’elles soulèvent. Faites d’espace et de temps, évocations et réminiscences, elles cristallisent le besoin de réfléchir aux liens qui unissent sujet et objet, homme et nature, art et matière, intériorité et extériorité… L’espace acoustique qui se situe entre deux notes se trouve souligné par l’évidement actif. » Tout cela fait très sérieux pour un résultat sonore fort maigre et très cérébral..

Yannick Rolandeau