Opus Haute Définition e-magazine

Ludwig van Beethoven

Intégrale des Sonates pour Piano et Violon

David Galoustov (violon). Caroline Sageman (piano)

Lyrinx LYR 2267, Codaex Distribution

3 Super Audio CD hybrides stéréo/multicanal

La composition des sonates de Beethoven, entre 1796 à 1812, témoigne des années les plus heureuses aux sombres orages d’Heiligenstadt et à l’amour passionné de « l’Immortelle bien aimée ». L’interprétation engagée de Caroline Sageman et David Galoustov ne laisse pas de place au pathos. Grâce à un jeu précis et rythmique, mettant en exergue la dynamique beethovénienne pleine de fougue et d’énergie. La lecture de la longue et émouvante lettre de Beethoven à Wegeler (médecin et ami de Beethoven), éclaire cette période heureuse de 1801, année de l’écriture de la cinquième sonate op 24 « Le Printemps » ainsi que les trois suivantes N°6, N°7 ,N°8 Op.30 n° 1 , 2, 3. « Du moins, je veux vous dire que vous me retrouverez plus grand : je ne parle pas de l’artiste, mais aussi de l’homme, qui vous semblera meilleur, plus accompli ; et si le bien-être n’a pas un peu augmenté dans notre patrie, mon art doit se consacrer à l’amélioration du sort des pauvres....Tu veux savoir quelque chose de ma situation : eh bien, cela ne va pas trop mal. » Dès 1802, année de la sonate n°9 « A Kreutzer » op 47 le testament d’Heiligenstadt marque un tournant décisif de la vie du compositeur."Ô vous, hommes qui pensez que je suis un être haineux, obstiné, misanthrope, ou qui me faites passer pour tel, comme vous êtes injustes ! Vous ignorez la raison secrète de ce qui vous paraît ainsi. […] Songez que depuis six ans je suis frappé d’un mal terrible, que des médecins incompétents ont aggravé. D’année en année, déçu par l’espoir d’une amélioration, […] j’ai dû m’isoler de bonne heure, vivre en solitaire, loin du monde. […] Si jamais vous lisez ceci un jour, alors pensez que vous n’avez pas été justes avec moi, et que le malheureux se console en trouvant quelqu’un qui lui ressemble et qui, malgré tous les obstacles de la Nature, a tout fait cependant pour être admis au rang des artistes et des hommes de valeur." »La dernière sonate N°10 Op.96, composée en 1812 est contemporaine de la « lettre à l’immortelle bien aimée « Mon ange, mon tout, mon moi — quelques mots seulement aujourd’hui, et au crayon (le tien) — Ce n’est pas avant demain que mon logement sera définitivement arrêté — Quelle misérable perte de temps pour de telles choses. Pourquoi ce profond chagrin alors que la nécessité parle ? Notre amour peut-il exister autrement que par des sacrifices, par l’obligation de ne pas tout demander ? Peux-tu faire autrement que tu ne sois pas toute à moi et moi à toi ? — Ah ! Dieu, contemple la belle nature et tranquillise les esprits sur ce qui doit être » A la lumière de ces témoignages émouvants, de la main même du compositeur, le jeu passionné de Caroline Sageman répondant à celui plus intériorisé de David Galoustov guide cet enregistrement en public remarquable et transmet l’impression de nécessité, de ce qui a « de la valeur », en opposition à toute frivolité, une caractéristique de l’œuvre de Beethoven.

Agnès Marzloff

Disponible surCodaex
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