Opus Haute Définition e-magazine

W. A. Mozart

La Clémence de Titus

Susan Graham, Hannah Esther Minutillo, Roland Bracht. Choeur et orchestre de l'Opéra de Paris, Sylvain Cambreling (direction)

Opus Arte OA 0942 D, Codaex Distribution

DVD stéréo / DTS

Commande des États de Bohème pour le couronnement, à Prague, de l’empereur Léopold II, La Clémence de Titus est l'avant dernier opéra de Mozart (et non le dernier comme on le croit). Composé en un temps record (trois semaines d'après la légende), sur un livret de Métastase (célèbre librettiste du XVIIIe siècle), qui avait déjà servi à des musiciens comme Hasse et Jommelli. Il appartient au genre seria, c’est-à-dire à un genre qui obligeait à de rigoureuses contraintes formelles (succession d’airs reliés par des récitatifs). La Clémence de Titus est le moins aimé et le moins joué des opéras de la maturité du compositeur. Avec raison, il faut bien le dire parfois. L'histoire est celle d'un pardon, cause évidemment très noble car très rare. Vitellia, ayant appris que Titus avait l’intention d’épouser Bérénice, réclame à son soupirant Sextus le meurtre de l’empereur. Ce dernier échappera à l'attentat et pardonnera à son meurtrier et à celle qui a ourdi ce complot. Toujours la jalousie, que voulez-vous ! Cette production enregistrée au Palais Garnier en mai et juin 2005 est un désastre sur le plan des décors et de la mise en scène. Les personnages semblent habillés par un grand couturier et à chaque fois qu'ils se déplacent, on a l'impression de voir des mannequins défilant à une revue de mode ! Comme tout cela est précieux et snob ! Les décors sont d'une froideur clinique (quasiment blanc) et d'un hiératisme... au point qu'on doit assister à un happening d'un artiste contemporain. Et dire que Karl-Ernst Herrmann, le metteur en scène et décorateur, a fait école ! Si la direction d'orchestre de Sylvain Cambreling est assez raide, cela s'améliore du côté des chanteuses, avec notamment une remarquable Susan Graham en Sextus, une excellente Catherine Nagelstad en Vitellia et une bonne Ekaterina Siurina en Servilia. C'est par contre moins réussi avec une Hannah Esther Minutillo dans le rôle de Annio. Notons au passage que Christoph Prégardien est un pâle Titus. En supplément, ce double DVD offre un film d'une heure sur l'opéra et Mozart et cette représentation.

Yannick Rolandeau

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