Opus Haute Définition e-magazine

C. Monteverdi

Le Retour d'Ulysse dans sa Patrie

Benjamin Luxon, Janet Baker, Anne Howles, Robert Llyod, Brian Burrows. The London Philharmonic Orchestra, Raymond Leppard (direction)

Arthaus Musik 101 101, Intégral Distribution

DVD stéréo

Filmé en 1973 au fameux Festival de Glyndebourne, cette version par Raymond Leppard du Retour d’Ulysse dans sa patrie composé en 1641 par Monteverdi d'après un livret de Giacomo Badoaro, risque de défriser plus d'un baroqueux tel un vampire face à un crucifix. Certes, d'un côté, cette interprétation a un peu vieilli par rapport aux recherches musicologiques concernant la musique ancienne (deux actes ici au lieu de cinq) mais d'un autre côté, elle est bien plus vivante que les interprétations baroqueuses engluées bien souvent dans leur purisme et leur hypernaturalisme. Le philosophe Clément Rosset ne disait-il pas d'ailleurs à leur propos qu'elles “ aboutissent, au nom d'une prétendue et absurde « authenticité », à jouer le plus vilainement possible : sur des instruments au timbre ingrat et à la justesse douteuse, qui s'efforcent en outre de ne pas jouer en mesure. C'était comme ça qu'on jouait à l'époque, nous assure-t-on. C'est bien possible, mais c'est aussi une excellente raison d'essayer de faire autrement. » Je ne saurai mieux dire. Ajoutons qu'ici, la représentation n'est pas sans défaut car les décors sont assez vilains même si l'idée d'avoir eu recours à des machines faisant coulisser les Dieux dans les cieux est judicieuse. Malgré tous ces défauts évidents, le spectacle a une indéniable force et vivacité et un potentiel dramatique assez rare. Il est vrai qu'il y a tout d'abord l'éblouissante Janet Baker en Pénélope et Benjamin Luxon en Ulysse. Leur chant, leur implication émotionnelle ne font aucun doute et on les sent totalement investis dans leur rôle, parfois même avec un peu trop d'emphase. Ça a au moins le mérite d'être passionnant ! C'est moins réussi concernant les dieux, Anne Howles en Minerve, R. Lewis en Eumée. Raymond Leppard à la tête du London Philarmonic Orchestra est remarquable mais n'est pas bien servi par une prise de son très sèche. Bref, un DVD qui incite à ce que les orchestres modernes retrouvent droit de cité dans la musique ancienne.

Yannick Rolandeau

Disponible surIntegralmusic.fr
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