Ce célèbre ballet est inspiré d’un conte d’E.T. Hoffmann, l’homme au sable qu’Offenbach reprendra à son tour dans un de ses opéras (c’est de cette nouvelle aussi que Freud tirera sa fameuse analyse de l’inquiétante étrangeté, cette chose connue qui devient brusquement troublante et dérangeante). Thème d’une importance capitale (thème kubrickien par ailleurs) que cette confusion entre rêve et réalité, entre ce qui est réel et ce qui est irréel (inanimé). Fellini s’en souviendra aussi pour son Casanova. Bref, thème fondamental. L’action du ballet se passe dans une petite ville d’Europe centrale et raconte l’histoire de Frantz qui, bien que fiancé à Swanilda, est amoureux de Coppélia. Il passe de longs moments sous sa fenêtre mais ignore que Coppélia n’est qu’un automate créé par le vieux savant fou Coppélius qui tente d’insuffler la vie à sa créature. Swanilda essaie vainement de retenir Frantz, mais celui-ci s’introduit chez Coppélius pour faire sa déclaration. Le vieux savant lui fait boire un narcotique et tente diverses manipulations magnétiques pour prélever sur Frantz ses "esprits animaux" et les insuffler à Coppélia. Entre-temps, Swanilda s’est substituée à la poupée mécanique, casse tous les automates de Coppélius et ramène Frantz au village. Celui-ci se réveille, guéri de sa passion pour l’automate. Le livret est de Charles Nuitter (1828-1899), traducteur de Wagner et la chorégraphie est d’Arthur Saint-Léon (1821-1870), lui-même danseur et époux de la célèbre danseuse Fanny Cerrito. La première représentation eut lieu à l’Opéra le 25 mai 1870, sous-titrée La fille aux yeux d’émail. Cette production au Palais Garnier souligne la part du fantastique. Ni le port altier de José Martinez, ni la grâce aérienne de Dorothée Gilbert, sans compter l’excellent Fabrice Bourgeois n’affectent la réalisation de cette Coppélia dans la vision de Patrice Bart. La dramaturgie est excellente. Les ensembles sont soignés mais il faut éviter de tomber dans le romantisme car le thème d’Hoffman n’est en rien romantique. Le hic est un orchestre qui manque de grâce. Le spectacle est néanmoins très beau et enchanteur.
Yannick Rolandeau This famous ballet was inspired by a tale by E.T. Hoffmann, the sandman that Offenbach would once again use in one of his operas (it is also from this short story that Freud would take his famous analysis of the worrisome strangeness, this known thing which suddenly becomes troubling and disturbing). A theme of capital importance (also a theme of Kubrick) wherein this confusion somewhere between dream and reality, between that which is real and that which is unreal (inanimate). Fellini would also remember this for his Casanova. In short, this is a fundamental theme. The ballet takes place in a small town of central Europe and tells the story of Frantz, who although engaged to Swanilda is in love with Coppélia. He spends long moments under her window, but doesn’t know that Coppélia is but a robot created by the old, crazy scientist Coppélius, who is trying to breathe life into his creature. Swanilda tries in vain to retain Frantz, but he penetrates Coppélia’s dwelling to declare his love. The old scientist makes him drink a narcotic and tries various magnetic manipulations to extract “animal spirits” from Frantz to give them to Coppélia. In the meantime, Swanilda has substituted herself for the mechanical puppet, breaks all the robots of Copélius, and brings Frantz to the village. He awakens, cured of his passion for the robot. The book is by Charles Nuitter (1828-1899), translator of Wagner, and the choreography is by Arthur Saint-Léon (1821-1870), himself a dancer and husband of the famous dancer Fanny Cerrito. The first performance took place at the Opera on May 25, 1870, subtitled The Girl with the Enamel Eyes. This production at the Palais Garnier underlines the fantastic. Neither the stately demeanor of José Martinez, the ethereal grace of Dorothée Gilbert, nor the excellent Fabrice Bourgeois alter the realization of this Coppélia in the vision of Patrice Bart. The dramatic art is excellent. The ensembles are well-done, even if romanticism should be avoided, for Hoffman’s theme is in no way romantic. The snag is that the orchestra lacks grace. Still, the production is quite beautiful and enchanting.
Translation Lawrence Schulman Disponible sur | |
|