Un couple marié rentre d’une soirée et, à l’heure du délassement, discute. Le mari ne cache pas à la femme qu’il a été séduit par une amie de celle-ci, une demoiselle, vivant elle-même avec un chanteur posant en artiste affranchi des règles sociales. Jalousie contre jalousie, la Femme n’a pas été insensible au chanteur. Scène de ménage, menace de rupture, réconciliation dansante, intervention inopinée d’un enfant réveillé au milieu de la nuit vont alterner, dépeignant mille nuances de sentiments et autant d’accords dans le désaccord. Certes le couple est aussi dissonant que les principes dodécaphoniques de Schoenberg. Enregistré au théâtre de la Fenice à Venise en décembre 2008, cet opéra est peu enregistré et encore moins en DVD. Occasion donc de le découvrir. Opéra en un acte, 1930 sur un livret de Max Blonda, pseudonyme de Gertrude Kolisch, seconde épouse du compositeur, cela sent l’autobiographie et c’est un peu dommage car les auteurs devraient éviter de résumer leur vie privée dans leurs œuvres. Si les décors sont d’un haut mauvais goût, Eliahu Inbal s’en sort bien dans sa fosse avec une direction souple et ferme. En revanche, si Mathias Schulz est un peu ridicule, Georg Nigl (le mari) et Brigitte Geller (la femme) ne déçoivent pas. Si l’on supporte les accents modernes d’un opéra qui se pose la question « qu’est-ce qu’être moderne ? », c’est une bonne occasion de découvrir cet opéra de Schoenberg. Il paraît qu’il a voulu faire une œuvre « comique »… C’est beaucoup dire tout de même.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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