Les dernières pièces pour piano proposées ici (Op.116 à Op.119) composées en 1892 et 1893 « constituent le testament pianistique de Brahms, souligne Jean-Alexandre Ménétrier. Ce sont les pages du journal intime d’un homme qui, de son propre aveu, « en lui-même ne riait jamais ». Contrairement à ses symphonies qui tentent d’exposer puis de résoudre de violents conflits, les dernières œuvres pour piano, proches des Lieder Op.105 et 107, sont autant de confidences apaisées (« même un seul auditeur est de trop », disait Brahms), que cet homme vieillissant envoyait par la poste à sa vieille amie Clara Schumann ; elle y voyait « un trésor de chefs-d’œuvre inépuisables ». Lui-même surnomma « berceuse de ma souffrance » ces pièces empreintes de sérénité, - dans lesquelles peut se déchiffrer « un état d’Ame où s’allient la douleur et la sérénité, l’espoir et la résignation, la fuite dans la nature et l’amour des hommes » (G. Knepler) ». Hardy Rittner jouant sur deux pianos différents, un J. M. Schweighofer de 1876/1877 et un Johann Baptist Streicher de 1870, déploie une palette de nuances appropriées à ces œuvres tardives. Son jeu explore avec finesse, sans rubato excessif, l’univers intime du compositeur allemand. Un enregistrement à mettre aux côtés de celui d’Elisabeth Leonskaja, dans le même répertoire, paru chez le même éditeur en SACD.
Jean-Jacques Millo Disponible sur | |
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