En première mondiale, cet opéra en deux actes, huit scènes et un épilogue se base sur un livret d’Alexander Medvedev d’après la nouvelle de Zofia Posmysz. L’opéra La Passagère, achevé en 1968 vient d’être créé à Londres, en reprise de la production de la création scénique mondiale du Festival de Bregenz de 2010. Lisa, ex-surveillante SS à Auschwitz et désormais femme de diplomate voyage sur un transatlantique en route pour le Brésil. Elle croit reconnaître Marta, une ancienne détenue, qu’elle pensait morte dans le camp. Choc émotionnel, peur d’être reconnue et dénoncée par Marta, Lisa avoue son passé à son mari et nous fait revivre les épisodes de sa relation avec cette prisonnière. Ce scénario avait donné lieu aussi à un film réalisé par Andrzej Munk. Si le thème des camps de concentration est irreprésentable, au traitement délicat pour éviter de tomber dans le voyeurisme ou dans un pénible pathétique. « Lisa la SS » qu’on voudrait détester est plus complexe que son mari. Il est le plus méprisable. Michelle Breedt est une Lisa toujours excellente, comme Bregenz. Giselle Allen en Marta est exceptionnelle.. La direction de Richard Armstrong est tendue. La mise en scène de David Pountney et les décors sont efficaces, avec un jeu constant de va-et-vient entre le pont du paquebot. La Passagère est aussi une réflexion sur l’amour, la nécessité de rester attaché à ses valeurs morales, ou la culture comme défi dérisoire et suprême contre la barbarie. La Passagère est un bon moment d’opéra, bien mené, sur un thème fort. Yannick Rolandeau A world première, this opera in two acts, eight scenes and an epilogue is based on a book by Alexander Medvedev, which is based on a short story by Zofia Posmysz. The opera La Passagère, completed in 1968, was just performed in London in a revival of the world première production at the 2010 Bregenz Festival. Lisa, formerly an SS guard at Auschwitz and now the wife of a diplomat, is traveling on a transatlantic boat en route for Brazil. She thinks she recognizes Marta, once a prisoner, whom she thought had died in the camp. Emotionally shocked, afraid of being recognized and denounced by Marta, Lisa admits her past to her husband and recounts to him the episodes of her relation with this prisoner. This scenario was already a film directed by Andrzej Munk. The theme of the concentration camps is difficult to stage. Treating the subject is delicate if one does not want to veer to voyeurism or painful sympathy. “Lisa the SS” whom we would like to detest is more complex than her husband. He is despicable. Michelle Breedt is an excellent Lisa, as is Bregenz. Giselle Allen as Marta is exceptional. Richard Armstrong’s conducting is intense. The direction by David Pountney and the sets are well done, with a constant coming and going between ship’s bridge. La Passagère is also a reflection on love, the necessity of staying attached to one’s moral values, or culture as a derogatory and supreme challenge to barbarianism. La Passagère is a good moment of opera, well-done, on a powerful theme.
Translation Lawrence Schulman Disponible sur | |
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