Né en 1893 et mort en 1987 (à 94 ans donc), l'andalou Andrés Ségovia a traversé presque tout un siècle en amoureux des accents mélancoliques de la guitare espagnole dont il a appris à jouer en autodidacte. Il a connu les poètes Federico Garcia Lorca, Antonio Machado, Jimenez... et a surtout fait énormément pour la guitare classique (avec une longévité hors pair) qu'il voulait arracher des mains du Flamenco, non pas parce qu'il détestait celui-ci évidemment. Il a donc réussi. Et on peut dire que si un homme a été viscéralement attaché à un instrument de musique, c'est bien Ségovia. Ségovia est la mémoire vivante de la guitare espagnole. Deux films documentaires, Segovia at Los Olivos (nom d'une villa qu'il a fait construire) et The song of the guitar, tous deux réalisés par Christopher Nupen composent ce DVD de plus de trois heures. Imposant le bonhomme, digne, éléphantesque, un rien austère et sérieux Mais incontournable. Notons tout de même qu'il ne parle pas dans sa langue natale et qu’ il a déjà 75 ans à l'époque du premier tournage (en 1967) et 84 ans lors du second en 1976. Si Ségovia n'évoque pas sa carrière (bonne idée !), on assiste à une balade douce et nostalgique dans l'andalousie (Grenade, la ville dont le bruit de l'eau en est la caractéristique principale), une promenade dans l'histoire de la guitare bien sûr, de celle d'un âne et plein de choses dans ce goût-là. Les films ne sont pas des modèles de réalisation mais c'est bien le bonhomme qui nous intéresse plus que tout. On entend bien sûr Andrés Ségovia jouer de la guitare et notamment des morceaux de Bach, Albeniz, Torroba, Scarlatti, Rameau, Ponce, Granados... Bref, pour ceux qui adorent la guitare et Ségovia, l'achat du DVD ne se pose même pas. Yannick Rolandeau |