Cette représentation eut lieu le 17 février 2011 au Royal Opera House de Covent Garden, à Londres. Cette commande officielle, fruit de la collaboration du compositeur Mark-Anthony Turnage et du librettiste Richard Thomas, retrace la vie de la playmate, Anna Nicole Smith, de son vrai nom Vickie Lynn Hogan, née le 28 novembre 1967 à Mexia au Texas. Elevée par sa mère et sa tante, elle épouse l’acteur Billy Smith. Ils ont un fils, Daniel Wayne Smith. Anna Nicole veut ressembler à Marilyn Monroe. Strip-teaseuse sous les pseudonymes de Nikki et Robin, elle est abordée par un photographe travaillant pour une agence de mannequins. Elle fait appel à la chirurgie esthétique par la pose d’implants mammaires et obtient des seins trop volumineux. Choisie comme playmate de Playboy puis Playmate de l’année 1993, elle épouse le vieux milliardaire J. Howard Marshall. A la mort de ce dernier et à la suite de longues procédures, elle finit par obtenir 88 millions de dollars de la succession de son mari. Cette décision est annulée par la Cour d’appel de San Francisco. Le 1er mai 2006, la Cour suprême l’autorise à poursuivre son action en justice. Le décès du fils de J. Howard Marshall, Pierce Marshall, le 24 juin 2006, modifie la donne. Anna Nicole meurt en 2006, suite à une pneumonie et abus de drogues. Bref, un tel personnage méritait-il un opéra ? Sans doute mais sans la vulgarité. Et là on peut constater que les décorateurs et metteurs en scène ont joué la carte de la vulgarité plein pot. Tout est archi souligné (décors kitschs, couleurs saturés et criardes), on peut se demander quel recul donnent-ils à une telle histoire qui ne parle que de sexe et des seins de la dame ? Car le livret est navrant, accumulant les mots grossiers et faussement provocateurs d’une pauvre vedette en quête de notoriété par manque de talent et jouant sur sa grosse poitrine (mise à toutes les sauces ici) pour allécher le téléspectateur. Si une telle histoire méritait à la limite un opéra, il aurait dû s’inscrire dans une critique virulente de la vulgarité qui a envahi nos écrans et la scène du monde depuis de longues années. Au contraire, le compositeur et librettiste jouent la carte de l’apitoiement et de l’excuse en faisant retomber le pauvre sort de cette femme sur sa seule exploitation sexuelle et médiatique par les hommes (évidemment) à laquelle elle a consentie grandement et de son plein gré. La musique est navrante et simpliste. Pauvre Fashion victime ! A quand le triste sort d’une « actrice » pornographique ? Bref un opéra parfait pour les bobos du monde entier.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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