Composé en Pologne en 1830, le premier concerto de Frédéric Chopin fut créé par le compositeur dans le courant de la même année. Cela sera son dernier concert dans le pays natal, avant l’exil pour l’Autriche puis pour la France. Considéré, en son temps, comme une œuvre de peu d’intérêt, il fut tout de même défendu notamment par Maurice Ravel : « Dans cette musique, les traits sont inspirés ». Malheureusement, ce nouvel enregistrement est une grande déception. Antoni Wit dirige l’orchestre philharmonique de Varsovie avec une épaisseur et une froideur rédhibitoires. Lourd et empesé, son discours occulte totalement la dimension poétique de l’œuvre. On cherche en vain le moindre trait de finesse et d’abandon romantique pourtant présents dans la partition. Nous sommes loin de la dernière version de Krystian Zimerman chez Universal, dirigeant du piano un orchestre polonais qu’il avait lui-même auditionné et financé. Un miracle absolu et une interprétation définitive, rendant nombre de versions antérieures et postérieures soudainement désuètes et mièvres. Alors que dire de la jeune pianiste Olga Kern ? Son jeu est bien ce qui rend ce Super Audio CD intéressant, même si dans le concerto elle tombe également dans le piège de la froideur et de la brutalité. Le complément de programme, dans lequel ses qualités pianistiques sont indéniables, finesse du toucher, phrasés souples et profonds, est là pour en témoigner.

Jean-Jacques Millo