La gigantesque troisième symphonie de Gustav Mahler, l’œuvre la plus longue du compositeur, fut amplement détaillée, notamment dans son programme, par l’auteur lui-même. C’est d’ailleurs ce que souligne avec pertinence Jean Matter dans son remarquable ouvrage paru chez l’Age d’Homme : « Si sur aucune autre œuvre nous ne possédons autant de témoignages de Mahler lui-même, ce n’est pas seulement parce que le hasard nous les a conservés, mais bien parce que, dans aucune œuvre de lui le programme n’occupe tant de place, quelque conception que le compositeur s’en fasse. Il n’est que de voir à quel point Mahler est inquiet de n’être pas compris. On s’explique aussi de la sorte les variantes successives qu’il apporte dans les différents titres de son programme. Il n’en sait pas moins fermement où il va et ce qu’il veut. Mais il a conscience qu’il s’éloigne toujours plus de ce qu’on peut attendre de lui. Il est même frappé du chemin qu’il a fait d’une symphonie à l’autre ». Voici donc la symphonie N°3 de Gustav Mahler sous la baguette de Jonathan Nott, et à l’évidence, c’est une œuvre qui semble l’inspirer. Au fil des mouvements, ce dernier construit un parcours émouvant au terme duquel pointe une inquiétude latente, fruit d’un questionnement omniprésent durant toute l’œuvre qui ne trouverait qu’une partie des réponses attendues. Une réussite.

Jean-Jacques Millo

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