Carmen est un opéra-comique en quatre actes de Georges Bizet, sur un livret d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy d'après la nouvelle Carmen de Prosper Mérimée. La première représentation eut lieu sous la direction d'Adolphe Deloffre. Créé le 3 mars 1875 à l'Opéra-Comique de Paris, c'est l'un des opéras français les plus joués au monde. Et pour cause c’est l’un des plus réussis tellement Georges Bizet a un coup de génie par rapport à son thème de départ. Il y a bien sûr les airs célèbres (« Si tu ne m’aimes pas, je t’aime et si je t’aime prends garde à toi ! » , version ancienne du « Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis ! ») mais il y a aussi le traitement et le contenu riche et ambigu formidablement développés. Cette histoire qui se situe en Espagne, près de Séville, vers 1820 explique simplement et en profondeur ce que peut être le tragique désir humain (exacerbation du désir, rivalités mimétiques, volonté de mort) loin de l’idyllique amour romantique et de l’autonomie du sujet. Enregistré en mai 2010 à Lille, cette version de Carmen va avoir du mal à dépasser celle de Claudio Abbado. Non seulement au niveau de la direction d’orchestre et des voix mais aussi au niveau des décors et des costumes assez secs et banals (ici on est habillé comme aujourd’hui). Décidément, il devient difficile d’innover avec sensibilité et intelligence. Hélas, Stéphanie d’Oustrac est loin de parvenir à l’excellence dans son rôle, non seulement vocalement (on atteint le correct) mais aussi scéniquement. Là, on n’y croit pas beaucoup. Le reste de la distribution oscille entre le relâché et l’à-peu-près surtout que les récitatifs ou passages dialogués sont joués sans conviction et sans élan. La direction d’orchestre manque de vivacité et de chaleur pour nous faire « bouillir ». Une version moyenne.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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